Tempête dans un verre d'eau tiède

 



      Nous avons vécu et allons vivre quelques jours riches en événements, sur le plan local, national, international et à l’échelle de la planète, qui donnent matière à réflexion…

 

   Jeudi 31 mars, un événement historique à Bagnères : deux suspensions de séance en conseil municipal, le maire faisant appel à la police municipale pour rétablir l’ordre ! Une émeute, des factieux envahissant la mairie ? Non, juste un conseiller municipal d’opposition interpellant vivement le maire, ce dernier considérant que cette intervention constitue un trouble à l’ordre public. Il est vrai que sur la forme, le conseiller se montre maladroit, inutilement théâtral et agressif verbalement. Mais sur le fond, son intervention est importante : elle remet en cause les premiers investissements prévus en matière de caméras de surveillance, ce qui mérite tout de même débat. Discuter des priorités de la majorité municipale lors du vote du budget est parfaitement légitime, et même nécessaire. Pour ce qui est de la forme des débats et du respect des autres, le maire devrait balayer devant sa porte avant d’appeler la police à son secours, n’étant lui-même jamais irréprochable dans ses prises de parole. A la fin du conseil, les cinq autres membres du groupe Bagnères Ensemble se désolidarisent de l’ultime représentant du BEC, décision inévitable dans la mesure où leur style d’opposition, beaucoup plus tiède et policé, paraît incompatible avec le sien sur la forme et parfois même sur le fond. Les choses sont dorénavant plus claires, chacun ayant retrouvé sa totale liberté de parole et d’action. 

 

   Dimanche 3 avril, des images terribles de crimes de guerre russes en Ukraine sont diffusées. Cela radicalise les positions des uns et des autres, sur le plan international. De nouvelles sanctions semblent inévitables, qui toucheront aux approvisionnements européens en charbon, gaz et pétrole. Cela nous forcera peut-être la main en termes de transition énergétique, en rendant inévitable l’abandon des énergies fossiles et donc le recours massif aux renouvelables. Ce que l’on pensait faire en quelques dizaines d’années risque de devoir s’effectuer bien plus rapidement. Une révolution se prépare peut-être.

 

   Lundi 4 avril est rendu public le rapport du GIEC. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat détaille l’éventail des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Des mesures radicales sont à prendre si l’on veut que notre planète reste habitable. Une question de survie pour l’espèce humaine, rien de moins.

 

   Dimanche 10 avril, ce sera le 1er tour des présidentielles en France. Il s’agira d’élire celui qui présidera pendant cinq aux destinées de notre pays, et qui devra donc prendre des mesures à la hauteur des enjeux que nous venons d’évoquer. Il ne s’agit pas d’ergoter sur la hausse du pouvoir d’achat, sur le nombre acceptable de musulmans en terre chrétienne, ou pire encore de continuer la politique de l’autruche. Il s’agira, si nous voulons un monde vivable pour nos enfants, de changer radicalement notre type de développement en remplaçant la notion de croissance infinie par celle de sobriété, en tournant le dos à la philosophie néolibérale qui amène le monde à sa perte. Cela ne pourra se faire qu’en impliquant les citoyens dans les décisions, et en réduisant les inégalités sociales pour qu’un meilleur partage des richesses rende les mesures acceptables par la majorité.

   Un sacré programme, pour lequel nous devrons choisir un Président à la hauteur, conscient des enjeux et capable d’affronter la tempête qui se lève. Il n’est qu’à lire les différents programmes pour constater combien peu nombreux sont ceux qui mettent en avant les vraies questions et proposent des réponses courageuses  ̶̶  et donc radicales. Notre choix conditionnera le monde à venir.

 

   Alors cessons de débattre sur le ton qu’il s’agit d’adopter en conseil municipal pour s’adresser au maire, et centrons-nous sur les véritables enjeux du moment. Le rapport du GIEC montre combien il est important d’agir à tous les niveaux. Il est donc grand temps de se mettre en action à l’échelle locale, puisque les priorités que se donnent les municipalités auront un impact sur la situation globale. Nous devons investir dans l’isolation des bâtiments, le développement des alternatives à la voiture, le recours aux énergies renouvelables.

   Apaisons le climat social autrement que par des caméras, des invectives et de l’ostracisme, et agissons pour le climat avant qu’il ne soit trop tard.

 

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