En avoir sous la pédale
Ecrire sur la pratique du vélo pourrait avoir quelque chose de dérisoire, à un moment où des vagues pandémiques successives déferlent sur la planète, où le réchauffement climatique provoque une croissance exponentielle d’événements extrêmes, où un autocrate fou s’emploie à redessiner la carte d’Europe avec ses chars d’assaut et envoie sur les routes des millions de réfugiés. On pourrait légitimement avoir l’esprit ailleurs.
Le vélo ne nous sauvera pas de tout cela, bien sûr. Mais quand bien même, gardons-nous de minimiser son intérêt, particulièrement dans la conjoncture actuelle.
Les prix des carburants explosent. Les voitures polluent l’air que nous respirons, aggravent l’effet de serre et ne pourront être fabriquées à l’infini au rythme actuel par manque de ressources naturelles. La sédentarité accrue de la population devient un problème majeur de santé publique.
Pour toutes ces raisons, un usage accru de la bicyclette s’impose, partout où il s’avère possible. L’apparition des vélos à assistance électrique permet d’élargir l’usage de ce moyen de déplacement à un nombre d’usagers infiniment plus grand. Mais la condition du développement des déplacements à vélo, c’est qu’ils puissent s’effectuer en sécurité, et qu’une infrastructure spécifique soit mise en place pour louer, stationner et entretenir les machines.
C’est l’objet du Schéma directeur cyclable élaboré par un bureau
d’études et adopté récemment par
C’est ce que laisse penser la réunion publique de présentation du Schéma
directeur cyclable qui a été organisée le 7 mars. Il y avait, ce soir-là,
beaucoup de monde venu – souvent à vélo ! – écouter la bonne parole.
L’exposé du bureau d’études s’est avéré convaincant. Le schéma directeur paraît
cohérent, réaliste. Il devrait constituer la base des politiques des communes
de
Car, en pratique, que deviendront ces préconisations ? Les réponses
aux questions posées après l’exposé avaient de quoi inquiéter. Les maires qui
ont pris la parole ont bien rappelé que le schéma directeur n’était rien de
plus qu’indicatif, et que sa mise en œuvre ne dépendait pas de
La montagne risque donc accoucher d’une souris, une fois de plus. Et l’épouvantail de l’augmentation des impôts locaux agité par un conseiller bagnérais d’opposition démagogue ne peut que contribuer à décourager des maires déjà peu motivés. Pourtant, il ne sera pas nécessaire d’augmenter la pression fiscale pour mettre en œuvre les préconisations du schéma directeur cyclable – qui seront largement subventionnées, rappelons-le. Il suffira de changer de priorités, tout simplement. Alors que tout se dégrade dans notre environnement, si nous ne faisons pas maintenant des choix radicaux autour des problèmes liés à l’énergie (transports collectifs, déplacements doux, isolation des bâtiments etc.), quand les ferons-nous ? Nous avons plus besoin d’aménagements de voirie facilitant l’usage du vélo que de caméras de surveillance.
Et puis, pour ceux que les arguments écologiques laissent froids, restent les arguments économiques. A l’heure où le tourisme vert est en pleine croissance, pouvoir se déplacer partout à vélo en sécurité augmente énormément l’attractivité d’un territoire, comme on peut le mesurer dans plusieurs départements voisins. Le retour sur investissement est rapide.
Bagnères pourrait viser un podium en matière de mobilités douces. Encore faudrait-il vraiment y croire, et, comme aime à le dire notre maire, « en avoir sous la pédale ».