Mauvais sens

 


 

   Notre maire s’est entretenu avec la presse, en ce début d’année. Il a fait un point sur les réalisations du début de mandat et sur les projets à venir.

   Nous reviendrons ultérieurement sur certains sujets abordés, comme la rénovation de la Mongie ou le fonctionnement de la CCHB.

   Commençons par ce qui touche directement au quotidien des Bagnérais, à savoir la transformation de la rue Gambetta, des Coustous et l’installation programmée de caméras de vidéosurveillance.

 

   Nous avons parlé précédemment des règles inhérentes aux zones de rencontre, du fait qu’elles sont mal connues et bien peu respectées par beaucoup de nos concitoyens. Nous évoquions la nécessité de les rendre beaucoup plus explicites (panneaux visibles, marquage au sol) et de les faire appliquer. Force est de constater qu’actuellement rien ne va dans ce sens, et donc ces zones restent toujours aussi peu sécuritaires pour les piétons et les cyclistes. C’est vrai pour le centre historique comme pour la rue Gambetta.

   Cette dernière pose un problème spécifique, lié aux sens de circulation qui ont été fixés. Beaucoup d’automobilistes ne respectent pas le sens unique de la partie nord de la rue, et forcent le passage à contre-sens, ce qui rend la situation périlleuse pour tous les usagers. Mais que fait la police ?!

   Par ailleurs, le fait de ne plus pouvoir emprunter cette rue pour se diriger vers Tarbes crée des bouchons parfois spectaculaires du boulevard Carnot aux feux de circulation des Coustous. Cela va probablement empirer durant les vacances scolaires ou cet été.

   Peut-être faudrait-il donc repenser certains sens de circulation, tout en faisant vraiment respecter les 20 km/h dans la rue Gambetta. Si l’on tient à garder le sens unique nord-sud du bas de la rue pour accéder à l’hôpital, une option pourrait être de changer le sens de circulation de la rue du Général Menvielle, ce qui permettrait de retrouver la direction Tarbes sans avoir à remonter par les Coustous…

   D’autres solutions pourraient être étudiées.

   Une chose est certaine : maintenir le statu quo ne serait pas pertinent, car seuls les riverains de la rue Gambetta peuvent se satisfaire de la situation actuelle.

 

   La municipalité entend ensuite remodeler un lieu emblématique de la ville, la place des Coustous. Au préalable, une consultation publique est prévue, sous forme d’enquête en ligne et de questionnaires distribués dans les boîtes aux lettres, « ce qui nous permettra de récupérer quelques renseignements », dixit notre maire. On voit que, dans son esprit, la participation citoyenne a des limites ! D’autant qu’il précise ensuite : « Est-ce qu’on fera du tout piéton ? (…) J’ai mon idée pour en avoir discuté avec les services ». D’évidence, on n’attend pas grand-chose de l’avis de la population, les décisions ont déjà probablement été prises... La forme de consultation choisie le montre bien d’ailleurs. Rien à voir avec du vrai participatif, qui impliquerait, après dépouillement du questionnaire, de faire fonctionner un groupe de réflexion mêlant citoyens intéressés, techniciens et élus afin d’élaborer un projet intégrant la tendance majoritaire des réponses, projet qui ne se réduirait pas aux desiderata du maire et du directeur des services techniques.

   Action purement démagogique ou véritable tentative pour impliquer les citoyens ? Il sera intéressant d’observer ce qu’il advient de cette « consultation publique ».

 

   Des caméras de vidéosurveillance devraient faire leur apparition prochainement à Bagnères. Il est vrai que des actes d’incivilité  ou de petite délinquance se sont multipliés ces derniers temps, et les habitants du centre-ville seront peut-être rassurés de savoir qu’on prend ainsi le problème à bras-le-corps : « certaines affaires graves sont élucidées grâce à la vidéo-protection », déclare notre maire. Ce en quoi il se trompe.  

   Une étude récente (cf. Le Monde du 22 décembre 2021) menée par Guillaume Gormand, chercheur au Centre d’études et de recherche sur la diplomatie, l’administration publique et le politique, à la demande de l’Ecole des officiers de la gendarmerie de Melun, apporte une réponse contre-intuitive : la vidéosurveillance ne permet qu’un très faible taux d’élucidation des infractions et a des effets préventifs quasi nuls.

   Ainsi, sur 1939 enquêtes étudiées, 22 seulement à avoir été élucidées ont pu bénéficier d’éléments tirés de l’exploitation d’enregistrements de vidéoprotection publique, à savoir 1,1% du total ! Gormand écrit : « en fin de compte, la découverte d’éléments probants, peu importe la thématique considérée, s’avère faible » « l’exploitation des enregistrements de vidéoprotection constitue une ressource de preuves et d’indices peu rentables pour les enquêteurs ».

   L’étude donne également des résultats étonnants en ce qui concerne l’aspect dissuasif de la vidéoprotection : sur les deux sites étudiés, on n’a pu faire « aucun constat de diminution significative du volume d’infractions » après l’installation de caméras. Autrement dit, la vidéoprotection n’empêche pas les délinquants de passer à l’acte…

   Quant à l’aspect préventif de cette surveillance que certains mettent en avant, il suffit de se référer aux événements de Nice en 2016 pour comprendre qu’il est inexistant : 1836 caméras dans la ville la plus surveillée de France n’ont pas permis à la police de détecter les allées et venues de l’auteur de l’attentat du 14-juillet (86 morts, 458 blessés), qui a pu effectuer onze repérages au volant de son 19 tonnes sans être remarqué !

   La vidéoprotection coûte cher et peut se révéler une source majeure d’atteinte à la vie privée sans être pour autant une solution au problème de la délinquance. Notre municipalité devrait en tenir compte. 

Posts les plus consultés de ce blog

Auprès de mon arbre

Du rififi dans les bennes

... de Salut Public