Zones de danger

 



   Que faut-il penser des aménagements nouveaux devant permettre le développement des déplacements « doux » dans notre ville ?

 

   La passerelle du bout de la rue Paul Mathou vient d’être remplacée. Les vélos s’y croiseront plus facilement, certes ! Mais dans la mesure où le croisement était déjà possible en roulant au pas, les usagers ne gagneront pas grand-chose. En revanche, la ville perd un élément du patrimoine industriel, car, sur le plan architectural, la nouvelle structure en aluminium n’amène rien...

 

   Plus novateur semble le projet d’extension de la zone de rencontre, qui concerne actuellement les rues Gambetta et Alfred Roland, fraîchement rénovées. Beaucoup d’autres semblent devoir suivre.

   Pour rappel, une zone de rencontre est un lieu où les piétons ont la priorité absolue et sont autorisés à circuler sur la chaussée même si des trottoirs sont présents. La vitesse des autres usagers (deux roues, voitures) est limitée à 20 km/h. Les vélos ont priorité sur les voitures, et peuvent circuler à contresens.

   L’idée, ancienne, de mettre en zone de rencontre le centre historique de la ville, et maintenant d’étendre cette zone, semble pertinente. La piétonisation complète ou partielle ne fait pas l’unanimité chez les commerçants, même si elle est très appréciée des usagers tant le samedi matin qu’en été lorsqu’elle est mise en œuvre dans quelques rues. Une zone de rencontre a l’avantage d’être un moyen terme acceptable par tous, même s’il présente parfois des aspects déroutants. Ainsi par exemple, descendre la rue Gambetta direction nord et se retrouver en plein milieu face à un sens interdit, et donc forcé de remonter illico vers le centre-ville par la rue Saint-Blaise puis la rue de la République ou la rue du Général Menvielle, a quelque chose de surprenant. Pourtant il y a une logique si l’on considère que le but est de limiter le flux de voitures dans la rue Gambetta puisque les piétons et les vélos y sont prioritaires. Il faudrait quand même signaler à l’entrée de cette rue qu’elle est réservée aux riverains, pour éviter que quantité de voitures la prennent par erreur. Le panneau installé à l'entrée est inefficace et trop peu visible.

   En fait, une zone de rencontre est une « fausse bonne idée » si personne n’en respecte les préconisations, comme c’est le cas très souvent dans notre centre historique. Les années passent, mais une majorité de Bagnérais ignore toujours les règles qui y régissent la circulation – ne parlons même pas des touristes ou des curistes. La raison est simple : l’information se résume à un seul panneau explicatif, peu visible à l’entrée de la rue Victor Hugo. Celui qui a eu la chance de le repérer se doit de s’arrêter pour le lire soigneusement afin de connaître les règles de priorité et la vitesse autorisée, mais il lui faut en plus mémoriser précisément le plan pour connaître les limites de la zone… Efficacité zéro pour cet embryon de signalétique.

   Si l’on veut une mise en application effective, il ne faut pas faire les choses à moitié. Il est nécessaire que la priorité aux piétons et aux vélos et la limitation de la vitesse à 20 km/h soient rappelées régulièrement par une signalétique que personne ne puisse ignorer, et que l’entrée et la sortie de la zone de rencontre soient signifiées par un marquage au sol ou des panneaux parfaitement visibles. Sans cela, les voitures se croient toujours prioritaires – l’enrobé noir de la partie centrale des rues concernées le laissant entendre –, les piétons ne se sentent jamais en sécurité en dehors des trottoirs et personne ne sait vraiment dans quel type de rue il circule. Ne parlons même pas des cyclistes : seuls les « trompe-la-mort » osent remonter les rues des zones de rencontre à contresens, ce qui est pourtant autorisé.

   Quand on a pratiqué le vélo dans les départements voisins (Pyrénées-Atlantiques et Landes particulièrement), on sait combien les aménagements qui permettent aux cyclistes et aux piétons de circuler en sécurité (pistes cyclables, voies vertes etc.) sont séduisants. Ils améliorent la qualité de vie des habitants en leur permettant de diversifier et de sécuriser leurs formes de déplacements et augmentent largement l’attrait touristique du territoire. Tout le monde y gagne.

 

   Notre municipalité fait des petits pas dans cette direction. Souhaitons maintenant qu'elle se donne les moyens des ambitions qu’elle affiche en mettant, avec conviction, pleinement en œuvre ses projets.

 


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