Marianne à la plage

 


   Deux tiers des Français avaient mieux à faire qu’aller voter dimanche dernier. Le constat est amer. Marianne ne fait plus rêver ses enfants. Gâtés, déçus, oubliés, mal renseignés, résignés, hédonistes, individualistes... nous sommes selon nos histoires devenus un peu tout cela.

   Pourtant notre avenir passe par l'engagement et la défense de nos idées. Si ces dernières peuvent être expérimentées dans la vie associative, d'autres comme le développement économique, social, sanitaire, culturel et scientifique, l'accès au logement, aux transports, à l'éducation, passent par les institutions et donc par le vote. 

   Mais l’abstention a d’autres causes qu’individualisme, déception et indifférence. On peut y ajouter la crise de la représentation politique, le sentiment que c’est au plus haut niveau que tout se joue, que le local est une simple cour de récréation pour ambitieux du cru, et le ras-le bol de voir toujours les mêmes têtes proposant des recettes d’un autre temps…

   Pour ces raisons et bien d’autres probablement, il paraît évident que la démocratie représentative a du plomb dans l’aile. Introduire du participatif permettrait certainement de remettre beaucoup d’entre nous dans une dynamique citoyenne – à condition toutefois qu’il n’y ait pas tromperie sur la marchandise comme dans le cas de la Convention citoyenne sur le climat, dont les préconisations ont fini dans les poubelles de l’Histoire.

   Mais s’il s’agit juste de choisir tous les cinq ans entre Zeus et Jupiter, autant se contenter de cultiver son jardin.

 

   Nous voici maintenant à la veille du second tour. L’enthousiasme est moins au rendez-vous que jamais…

   Elections régionales. Carole Delga vient de claquer la porte aux nez des écolos, qu’elle trouve trop gourmands. On s’écharpe sur le nombre de places à se partager. Et les idées alors ? Comme les Verts n’ont pas atteint le seuil nécessaire pour se représenter, la socialiste peut tout se permettre. Quel mépris pour la partie écologiste de son électorat ayant misé sur un vote utile permettant d’éviter une victoire du Rassemblement national ! Quelle trahison pour ceux qui pensent que l’unité des forces de gauche est la condition sine qua non de l’intégration des problématiques économique, sociale et écologique !

   Elections départementales. Deux listes de gauche au premier tour – merci qui ? –, avec forcément à la clé leur disparition programmée au second. Une liste unique avait une chance de se qualifier, et nous aurions alors eu un vrai choix à arbitrer entre deux projets aux priorités différentes... Ce ne sera pas le cas avec les deux adversaires qui restent en lice. Deux personnalités qui cumulent déjà maintes fonctions représentatives (et parfois professionnelles) et qui donc occupent l’espace public local depuis de longues années. Deux personnalités sympathiques, mais qu’on peine à différencier sur le plan des idées – même si nous reconnaissons les compétences en matière de gestion publique du rival du maire de Bagnères à la CCHB, et constatons que son adversaire du moment, adjointe au maire, donne un mauvais signal en fuyant la confrontation radiodiffusée qui devait avoir lieu entre les deux tours.

  

   Alors, dimanche, nous irons voter, mais sans enthousiasme, en traînant un peu les pieds. Mais qui sait, peut-être finirons-nous un jour par rejoindre le bataillon des adeptes de la bronzette, lorsque nous n’en pourrons plus de voir les mêmes têtes saturer l’espace politique et les mêmes idées néolibérales constituer l’essentiel de l’offre politique, ou lorsque nous ne supporterons plus que les querelles d’ego occultent les choix de société.

 

   On sait qu'en  France tout finit en chansons. Pour dimanche, osons la nostalgie : "Dieu, mais que Marianne était jolie..."

 

           Jean-Marc Aragnouet. Erick Vuillier


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