Le graffiti de la colère


 

   Que le tag qui a fleuri une nuit sur quelques murs de la ville ait blessé notre maire, nous le comprenons très bien. Anonyme, attaque à la personne, coup sous la ceinture. Bof, moyen ! Que ce portrait au nom altéré et slogan politico/anatomique fasse souffler sur la ville un vent fétide, nous le regrettons.

   Bref, nous le désapprouvons. Il aurait pu faire mouche, mais, grossier, il rate sa cible. Lui manque l'élégance…

   D'autres moyens d'expression et d'opposition existent.  Notre blog à idées et visages découverts, entre autres, en est la preuve. Nous l’assumons.

   Mais que le maire, offusqué, utilise cette provocation urbaine d'un goût douteux pour défendre sa politique et sa méthode, nous ne laissons pas passer.

 

   « La vie municipale où tout se règle avec l'opposition par une bonne tape sur l'épaule » nous fait doucement rigoler.

   « Je n’ai jamais attaqué personne ! »  Ce maire qui déploie une énergie considérable pour décrédibiliser tous ses opposants, au fil des conseils ou de ses interviews dans la presse, serait doux comme l’agneau pascal…

   « Je n’ai qu’une méthode, c’est écouter, dialoguer », ajoute-t-il. On croit rêver ! Si une amorce de dialogue et de concertation existaient dans notre ville (n'imaginons même pas des procédés de démocratie participative), personne ne ressentirait le besoin de s’exprimer de façon provocante et anonyme. 

   « Ma seule ambition, c’est que le territoire se développe au maximum, et chacun a un rôle à jouer dans l’attractivité de la ville » conclut-il, contre toute évidence. Dans les faits, il malmène la communauté de communes, pourtant seule compétente en matière de développement économique, et s’efforce d’éradiquer l’économie sociale et solidaire dans laquelle s’inscrit le Tiers-Lieux. Il ne comprend pas que le territoire ne se développera pas sans ses jeunes et sans ses nouveaux « arribans ».

 

   La ville est comme anesthésiée, et pas seulement à cause de la pandémie. Il ne se passe rien, les pistes cyclables restent dans les limbes, les travaux n’avancent pas (combien d’années par exemple pour rénover le petit square Aristide Briand ?), les fontaines ne coulent toujours pas, les bancs publics ne sont pas entretenus, le péristyle du musée Salies est décrépit, le projet Ballarin stagne, le Vallon de Salut est négligé… La ville perd peu à peu ce qui faisait son charme.

   Plus grave, on ne sent aucune fièvre  créative. La municipalité semble se contenter de traiter les affaires courantes, sans ambition ni projet d’envergure. Priorité est donnée actuellement à l’installation de quelques caméras de surveillance, pour rassurer la part vieillissante de notre population… Quelle solution novatrice ! Les problèmes d’incivilité se déplaceront un peu plus loin, voilà tout. Pour le reste, en quoi, sans plan d’ensemble, quelques aménagements des Coustous permettront-ils de revitaliser le centre-ville ? Et qui croit vraiment en la réouverture de la ligne ferroviaire pour le transport de voyageurs (et d’ailleurs, qui prendra le train entre Tarbes et Bagnères, puisque les cars effectuant actuellement le trajet circulent quasiment à vide) ? Nos élus  seraient visionnaires ? Soyons sérieux...

 

   Nous avions beaucoup bataillé contre Rolland Castells. Nous étions souvent en désaccord avec  ses choix, ses priorités, et nous n’appréciions guère son côté autocratique. Mais son ambition pour Bagnères était visible. Le maire actuel nous le fait parfois regretter !


                                                                      Jean-Marc Aragnouet et Erick Vuillier


Le saviez-vous ?

Le pochoir n'a rien de contemporain, puisque nos lointains ancêtres pyrénéens l'utilisaient déjà pour signer leurs oeuvres à Gargas ou ailleurs, avec leurs mains aux doigts coupés ou repliés.

C'est une technique accessible à tous puisqu'il suffit d'une photo collée sur carton, un cutter, un peu de scotch et une bombe de peinture pour le réaliser.

Nul besoin d'être un artiste pour manier cette expression "contemporaine" datée. Tous les bons artisans d'art vous le diront...

 


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