Super Gauchiste

 



   En France,  l’appellation « Front de gauche » a un côté vintage sympathique, au même titre que le Programme commun de 1972. En 2009, beaucoup ont été enthousiastes lorsque le Parti de gauche et le PC ont fait alliance pour former le Front de gauche. Le départ de Mélenchon en 2016 a malheureusement fait de cette structure une coquille presque vide. Il ne restait au PC qu’à acter la fin du mouvement lors de son congrès de 2018 pour finir le travail.

   En ville, étrangement, le Front a la vie dure. Les quelques militants rescapés de cette défunte formation se sont spécialisés dans la labellisation de leurs concurrents : eux seuls savent qui est de gauche et qui ne l’est pas. Comme ils le ressassaient une fois encore la semaine dernière dans la presse, la liste du BEC, quel que soit le projet qu’elle portait, n’était pas de gauche, s’étant associée au second tour à LREM. Peu importe si c’était la seule façon pour les écologistes du BEC de concrétiser, en arrivant aux affaires, des éléments essentiels de leurs propositions. Peu importe si c’était la seule solution pour faire barrage à l’équipe du maire sortant clairement marquée à droite, et curieusement soutenue par ce Front dit de gauche - peu gêné ici par ses contradictions.

   L’ennemi n°1 de nos frontistes locaux n’est donc pas la droite, mais tout ce qui est alternatif. Ils mettent une énergie considérable à « flinguer » le BEC, le Tiers-Lieux en Bigorre ou l’école des Boutons d’or... qu'ils amalgament en permanence, contre toute raison. Le seul lien commun entre ces structures est générationnel et sociologique, ayant toutes été créées par des trentenaires et quarantenaires venus s’installer ces dernières années sur la ville. Les militants « frontistes », eux, sont pour la plupart des Bagnérais d’une autre génération. Ce qu’ils ne comprennent pas, ils le dénigrent.

 

   Aux élections départementales de juin se présenteront deux candidats labellisés « Front de gauche ». L’environnement est banni de leur programme. Ils appartiennent à cette gauche productiviste de l’après-guerre qui n’a jamais su remettre en cause la notion de croissance sans fin. Une vision d'un autre temps, une idéologie has been.

 

   L’appellation « Front de gauche » est un canular. D’une part, il s’agit d’un groupuscule essentiellement constitué de militants communistes, qui choisit sciemment de garder une appellation disparue à la sonorité plus porteuse, dans un climat général de droitisation de nos sociétés. D’autre part, le mot « front » lui-même est galvaudé, puisque ce mouvement a refusé toute alliance à gauche, même avec la France insoumise, que l'on ne peut accuser d'être de droite… En définitive, frontiste seulement avec lui-même !

 

   Comme d’habitude, le « Front de gauche » ne s’alliera donc avec personne. Comme d’habitude, en provoquant un émiettement des candidatures, il favorisera l’élection de candidats de droite. CQFD.

    « Jaurès, reviens. Ils sont devenus fous. » (J-L Mélenchon)

 

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