L'école de juge Ferry
Le temps comme suspendu, depuis plusieurs mois. La pandémie impose son rythme, tout semble ralenti. La vie locale ne fait pas exception. On a le sentiment que rien ne bouge, que seules sont réglées les affaires courantes.
C’est peut-être à cause de ce manque d’actualité que le débat sur les Boutons d’or rebondit à nouveau. Comme si cette petite école mettait en péril les enfants qu’elle scolarise…
Qu’un organisme comme l’OCCE se soit associé à cette motion est incompréhensible, lui qui prône (comme son nom l’indique) la coopération à l’école, en prêchant malheureusement souvent dans le désert...
Florilèges de la motion :
« seul l’enseignement public peut réunir les enfants et adolescents, leur faire partager la joie d’apprendre dans la différence » : la joie d’apprendre est malheureusement souvent la grande absente de l’enseignement public.
« pour éviter des scolarités gâchées, des parents dupés par des discours bien rodés, voire des mises en danger d’élèves, la transparence doit être établie sur les dysfonctionnements observés dans les établissements hors-contrat » : quid des scolarités gâchées, des discours trompeurs et des dysfonctionnements dans le public ?
L’enseignement public, par l’intermédiaire des représentants des personnels et des usagers, devrait se poser ces questions à lui-même. Car si la joie d’apprendre était au rendez-vous et les scolarités gâchées moins nombreuses, les écoles alternatives ne recruteraient pas à tour de bras.
Une conférence de presse a suivi, afin de présenter cette motion héroïque. Plusieurs professeurs du public ayant travaillé dans les structures Steiner, venus plaider la cause de cette pédagogie, se sont vus interdire l’accès à la conférence…
Début mars, enfin, est paru« Les Boutons d’or sur la
sellette », un gros dossier de
Notre but, ici, n’est pas de faire l’apologie des écoles alternatives quelles qu’elles soient. Nous entendons les critiques, nous avons conscience de leurs faiblesses. Mais nous souhaiterions que le débat n’élude pas la réflexion sur les causes : si une école comme les Boutons d’or, malgré les conditions précaires qu’elle offre, passe en très peu de temps d’un effectif microscopique à soixante-dix élèves, c’est visiblement que beaucoup de familles ne trouvent pas leur compte dans l’enseignement public tel qu’il existe actuellement, basé sur une philosophie éducative élitiste et compétitive faisant fi des notions de coopération, d’estime de soi et d’individualisation du rythme.
Alors, plutôt que de perdre leur énergie à mettre des bâtons dans les roues à des écoles alternatives scolarisant une partie totalement marginale des élèves du département, les représentants du personnel et des usagers du public devraient travailler à rendre égalitaire et bienveillante l’école de la République, afin que chacun soit fier et heureux d’y scolariser ses enfants.