Un autre 2034 est possible !
Revenir à Bagnères me fait toujours chaud au cœur. Il y a vingt ans, j’ai dû partir chercher du travail à Toulouse, en quittant une ville en perdition sur le plan économique et démographique. Quand je reviens maintenant dans ma ville natale où j’ai gardé bien des attaches, j’y retrouve un environnement très différent.
J’arrive en général en train jusqu’à Tarbes et en bus à hydrogène jusqu’à Bagnères. La circulation automobile s’est largement réduite ces dernières années grâce à la multiplication des lignes de ces bus non polluants : ils relient non seulement les villes et villages de l’axe nord-sud mais également les vallées transversales, en un maillage très complet.
Le bus, comme la plupart des voitures, s’arrête généralement devant le stade, sur l’un des parkings périphériques d’où partent les navettes électriques gratuites les reliant au centre. Pour ma part, je préfère marcher pour profiter pleinement de la ville.
En traversant le pont de l’Adour, j’ai toujours plaisir à jeter un coup d’œil sur les berges. Elles ont été aménagées sur plusieurs kilomètres pour permettre la promenade, et face au stade a été créé un espace de baignade. Avec le réchauffement climatique, on peut l’utiliser plusieurs mois par an, dans une eau plus fraîche que celle d’Aquensis !
A chaque fois, je suis frappé par le nombre croissant de rues en sens unique, avec trottoirs élargis et marqués au sol. Ainsi peuvent cohabiter tranquillement d’un côté les piétons et les personnes handicapées et de l’autre les gens se déplaçant plus vite en vélo, rollers, patinette etc.
Sur les quais, le tribunal a changé de vocation, et c’est mieux ainsi ! J’y fais souvent une petite visite pour visiter les expos photos temporaires. Une partie du bâtiment abrite le fond Alix, et accueille régulièrement en résidence de jeunes photographes. L’autre partie fait office de maison commune. C’est là que sont organisés, par exemple, les groupes de travail citoyens (regroupant habitants, élus et experts) permettant de définir en commun l’avenir de la ville. Une véritable révolution démocratique, à laquelle sont associés Bagnérais de longue date et nouveaux arrivants. Pour faciliter l’intégration de ces derniers, le Tiers-Lieux a été relocalisé au centre-ville, dans l’ancienne école maternelle Jeanne d’Arc. C’est devenu une véritable ruche, un lieu d’échange, de création et d’animations en tous genres.
Un passage par les Coustous s’impose. Les allées emblématiques de la ville ont gardé leur cachet, tout en étant profondément réaménagées : une voie unique permet aux voitures de se rendre vers la montagne, tandis que les véhicules qui redescendent prennent les quais de l’Adour. Du coup, les terrasses des cafés occupent une grande partie de l’espace, et il fait bon déambuler à l’ombre des arbres, plus denses et nombreux qu’avant.
Flâner dans le centre historique a maintenant beaucoup de charme. La
circulation y est réservée aux piétons et à tout ce qui roule tranquillement.
Seuls résidents et commerçants peuvent s’y rendre en voiture, à certaines heures.
Les petits restaurants, les bistrots et de nombreux commerces peuvent donc
utiliser l’espace public autant que nécessaire.
Bagnères, bien sûr, reste associé au thermalisme, à l’astronomie avec le Pic, aux sciences de la nature avec le Conservatoire botanique et aux activités de pleine nature. Ces dernières se sont beaucoup développées ces dernières années. Le tourisme vert est devenu très populaire depuis la pandémie de 2020. Les centaines de kilomètres de sentiers balisés et les espaces d’altitude constituent un petit paradis pour les randonneurs, vététistes, parapentistes et amoureux de la nature. Le réchauffement climatique, dans ce cadre, a un côté positif, puisqu’il permet de pratiquer ces activités dans de bonnes conditions neuf mois par an. L’hiver, la station du Tourmalet a su se diversifier. Le ski alpin n’est pratiqué qu’aux altitudes les plus élevées. Les moniteurs encadrent surtout des petits groupes de skieurs de randonnée qui se rendent vers le Néouvielle, tandis que les non skieurs peuvent utiliser la nouvelle patinoire, s’exercer au parapente ou se donner des sensations fortes en montant et descendant les anciennes pistes en vélo électrique.
Bagnères, en toute saison, est aussi un pôle culturel important. Les
festivals ont trouvé leur rythme de croisière, les artistes et musiciens locaux
peuvent travailler en utilisant des lieux bien rénovés (
Au final, intégrer le réseau Cittaslow (villes lentes… mais en mouvement !) coulait de source, puisque la ville cochait déjà la plupart des cases. Mais obtenir ce label (en complément de celui de Ville et Pays d’art et d’histoire) a largement accru l’attractivité de la ville, comme le recensement de 2033 vient de le mettre en évidence : pour la première fois depuis des décennies, la population de Bagnères a augmenté.
Oui, il fait bon vivre ici !