2034

 


   Revenir à Bagnères, après toutes ces années, cela fait chaud au cœur. J’ai pris un pass/journée pour la visite complète. Mes parents sont décédés, mais mon vieil oncle Claude vit toujours ici, dans cette ville où j’ai grandi.

   TGV jusqu’à Tarbes, petit train touristique à vapeur ensuite. Certes, depuis la fenêtre, on ne voit à l’infini que les lotissements qui occupent tout le fond de la vallée puisque la montagne vers laquelle on se dirige, seul le mécanicien et le chauffeur de la locomotive, à l’avant, peuvent la contempler. Mais ce n’est pas grave, le train donne quand même un avant goût du temps jadis, bon prélude à la visite à venir. Dommage que l’on ne puisse monter en chemin de fer jusqu’à Artigues, comme à l’époque. Cela rajouterait du charme à la visite des ruines de la station de ski abandonnée après la Grande Sécheresse (au programme de l’après-midi).

   Beaucoup de monde à la gare, des personnes âgées essentiellement. Etrangement, le bâtiment a été transformé en maison médicale. Il est vrai que l’on y accède très facilement grâce aux trottoirs spécialement élargis et aménagés pour pouvoir y circuler facilement en déambulateur ou en fauteuil roulant.

   Avec la navette touristique qui nous attend devant la gare, nous débutons la visite de la ville par les quartiers périphériques, où vivaient à l’époque quelques jeunes désoeuvrés rendant certains soirs la vie difficile aux habitants du centre. Un phénomène disparu naturellement avec l’évolution démographique. En effet, il n’y a plus grand monde à Bagnères en âge de procréer : les jeunes de la ville ont dû aller chercher du travail ailleurs et les porteurs de projets alternatifs arrivés autour des années 2000/2010 sont partis les concrétiser sous d’autres cieux, finissant par comprendre  que, si l’on naît Bagnérais, on ne le devient pas.

   La navette nous laisse ensuite au centre pendant deux heures, pour une visite complète agrémentée d’une activité au choix. C’est étonnant, rien ne semble avoir bougé depuis ma jeunesse. Sur les écrans derrière les vitrines sont diffusées des scènes troublantes de réalisme, qui donnent l’impression que les commerces fonctionnent encore. On aimerait bien pouvoir entrer boire un café dans l’un de ces anciens bistrots de la place des Coustous, d’où sortent des bruits de voix enregistrées commentant le match du dimanche précédent…

   Transformer Bagnères en écomusée pyrénéen a été l’idée de génie d’un ancien maire, à laquelle la ville doit beaucoup. Musée du marbre à Salut, musée Alix à l’ancien tribunal, musée Salies et musée des arts populaires, Grands Thermes et Thermes de la Reine (parfaitement conservés après leur fermeture en 2022 consécutive à la politique d’économies de la Sécurité Sociale), tout cela constituait un socle très attractif pour d’éventuels visiteurs. Ajouter la sonorisation des rues en chants bigourdans, le passage régulier de vols de palombes gonflées à l’hélium – sur lesquelles on peut éventuellement tirer depuis des postes aménagés sur les pentes du Bédat -, la diffusion en boucle au stade, sur écran géant, des finales de 79 et 81, l’organisation d’ateliers animés par des anciens sur des thèmes gastronomiques (préparer la garbure, cuisiner le cochon etc.), a permis de faire de cette petite ville un centre d’intérêt majeur. Les urbains en manque de ruralité comme les touristes chinois en redemandent, et la petite manne financière qu’ils apportent permet aux Bagnérais qui ont quelque chose à louer d’améliorer un peu leur retraite. Une belle réussite.


A suivre, semaine prochaine : Un autre 2034 est possible


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