Deux projets à contresens

 


HÊTRE OU NE PAS HÊTRE

Une scierie à Lannemezan qui emploierait vingt-cinq personnes. Un projet créant quatre-vingt-dix emplois forestiers. Cela pourrait sembler séduisant dans une région très marquée par le chômage.

Mais quid des emplois perdus, l’activité des scieurs locaux actuels étant mise en péril…

Mais quid des cinq mille camions grumiers supplémentaires roulant chaque année sur nos routes…

Mais quid de la surface de forêt équivalente à mille deux cents terrains de foot coupée à ras annuellement, impliquant une diminution drastique de la biodiversité et une mise en péril de l’écosystème forestier de nos montagnes…

Mais quid de l’argent public absurdement investi dans un projet qui ne pourra s’avérer durable…

On pleure la forêt amazonienne qui part en fumée, mais on organise avec enthousiasme la destruction de notre hêtraie. Deux échelles différentes, mais deux écocides avérés. On disserte sur les espèces animales et végétales disparaissant chaque année, mais on accélère sciemment – si l’on ose dire – la destruction de leur biotope. On répète à l’envi combien les forêts sont essentielles en tant que puits de carbone pour ralentir l’effet de serre et donc le réchauffement climatique, et l’on programme en même temps leur destruction. Tout ça pour créer temporairement une poignée d’emplois… en enrichissant surtout au passage un groupe européen !  L’humain n’apprendra donc jamais…

Hêtres et sapins pectinés, qui constituent l’essentiel du couvert forestier de nos montagnes, sont hélas menacés par le réchauffement climatique. A moyen terme, il est probable qu’ils ne trouveront plus les conditions nécessaires en termes de températures et d’humidité. Peut-être faut-il dès maintenant réfléchir à une sylviculture adaptative qui introduirait de nouvelles essences plus résistantes. Cela ne pourrait se faire que progressivement, après un travail de recherche testant une diversité de modèle d’associations d’essences.

Ce serait un projet pour renforcer notre domaine forestier, non pour l’affaiblir. Rien à voir avec le projet Florian, qui éradiquera massivement et brutalement les hêtres en surexploitant la forêt.

 

BALANCE TON PORC

Un élevage industriel de six mille porcs à Bordères. Après les autorisations récentes données à la ferme des mille vaches de Picardie, à l’élevage de vingt mille porcs d’Escoubès (Pyrénées-Atlantiques), on continue dans le gigantisme. Peu d’emplois créés, mais un surcroît de viande pas chère sur le marché. Merci la FIPSO, porteuse du projet – « les saveurs du Sud-Ouest » –, grand partenaire de la Chine qui achètera une partie de la production.

Alors que le débat sur le bien-être animal enfle dans notre pays, il est visiblement toujours possible de prévoir un bâtiment dans lequel chaque porcelet vivra dans 0,4 m² et chaque porc adulte dans 0,75 m². Comme dans beaucoup d’élevages équivalents, les animaux seront sur du ciment, sans contact avec l’extérieur ni avec leurs congénères, nourris exclusivement de granulés. Prison pour les animaux, pollution pour les humains : en plus de l’odeur insupportable du lisier, les nappes phréatiques se chargeront en nitrates. Ne parlons pas de la qualité de la viande produite…

Mise à part la FNSEA, qui peut se satisfaire d’un tel projet à l’heure actuelle ?

Quand l’Europe se décidera-t-elle à réorienter ses aides vers les projets respectueux de l’environnement et du bien-être animal, vers la qualité et non la quantité ?

A l’heure où l’on vante la qualité du porc noir de Bigorre – devenu symbole de la gastronomie française depuis que l’on a en a servi à Donald Trump ! –, pourquoi imiter la Bretagne, qui a vu son image et sa qualité de vie dégradées par les élevages industriels (marées d’algues vertes, odeurs nauséabondes, eau impropre à la consommation, paysages agricoles défigurés par les hangars et les usines de transformation) ?

Misons sur les circuits courts, sur le bio, sur la qualité et non sur la nourriture industrielle. Nous avons tout à y gagner, et la planète aussi.

SOS  Forêt Pyrénées, No Porcharan, deux collectifs à soutenir de toute notre énergie.

 

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