Produire et consommer local
« A toute chose malheur est bon ».
L'expérience de la pandémie nous aura fait prendre conscience de la
fragilité de notre organisation sociétale. A l’angoisse de la contagion s’est
vite rajoutée celle de la pénurie.
Pénurie de médicaments, d’abord, lorsqu’on a compris que beaucoup venaient de
Chine. Pénurie de nourriture, ensuite, qui, elle aussi, vient souvent de loin
et reste donc tributaire des transports.
«Cette crise nous démontre la
nécessité d’accélérer la transition écologique et de relocaliser les
productions pour garantir la sécurité alimentaire européenne.» dixit le ministère de l’Agriculture et de
l’Alimentation lui-même… Il faut même aller au-delà et relocaliser la
production dans nos territoires, lorsque c’est possible. La vente directe et locale
n’est que bénéfice en termes de rémunération des agriculteurs et de protection
de l’environnement grâce aux économies de transport qu’elle permet.
Durant le confinement, on a
assisté à ce qu’un économiste a appelé un «puissant tournant local ».
Les petits producteurs locaux ont vu la demande monter en flèche dans la
plupart des régions. A Bagnères, malheureusement, ce mouvement a été entravé.
Le maire s’est montré extrêmement frileux et a fait des choix très discutables.
Sous prétexte de risque sanitaire, il a fermé le marché de la ville dès le 14
mars, avant même que l’Etat ne donne des directives. Il ne l’a entièrement
réouvert que tardivement, deux semaines après la fin du confinement. Il a
appliqué les directives nationales de façon restrictive et incompréhensible -
en autorisant quelques personnes à vendre le samedi sous la halle, dans un lieu
confiné, mais surtout pas en extérieur, mettant ainsi en grande difficulté les
producteurs locaux et forçant la population
à se ravitailler essentiellement en supermarché dans des conditions sanitaires
encore plus compliquées. Heureusement, quelques producteurs ont su s'organiser
en parallèle grâce à l’AMAP et à Mon
drive Bigourdan du Tiers-Lieux, qui ont tourné à plein régime et ont permis à
beaucoup de Bagnérais de s’approvisionner en produits locaux de qualité.
Nous devons tirer les leçons de la
crise en réinterrogeant nos pratiques d’approvisionnement, de consommation et
de déplacement, décisives pour le développement des territoires et la
préservation de l'environnement. Notre fond de vallée si fertile se bétonne à
vitesse accélérée entre Tarbes et Campan. Le Schéma de Cohérence territoriale
(SCoT) n’en finit pas d’être discuté, alors qu’il devrait être mis en oeuvre au
plus vite. Les terres agricoles doivent être préservées, et le maraîchage encouragé. Nous avons bien plus
besoin, ici comme ailleurs de jardins partagés et de commerces de proximité que
de nouveaux pavillons et de supermarchés en périphérie. Si on ne choisit pas sa
famille, on choisit son avenir, ses élus, son maire...

