Mais où est passée l'eau de Jouvence ?
Qui pourrait croire que Bagnères
a été au XIXe siècle l’« Athènes des Pyrénées » ? Elle ressemble
maintenant plutôt à une ville américaine abandonnée après la ruée vers l’or. Les
bâtiments entre Vignaux, Coustous et Thermes sont les témoins fantomatiques de la
splendeur passée. La rue de
Ici, pourtant, nous avons
eu l’or bleu, qui a attiré longtemps une clientèle aisée venue prendre les
eaux… Un simple virus a pu gripper la machine thermale, qui ne fonctionne plus
d’ailleurs que grâce aux remboursements de
Ici, pourtant, nous avons
eu l’or blanc, qui a attiré longtemps une clientèle généreuse… Un réchauffement
planétaire accéléré et inéluctable est en train de transformer ce rêve en
chimère.
Ici, pourtant, nous avons eu d’autres filons, moins prestigieux que l’or des Amériques mais tout de même… Le marbre, les lainages des Pyrénées, étaient des ressources locales prisées. Elles sont passées de mode. Notre industrie innovait dans l’électrique et le ferroviaire, en faisant vivre des centaines de famille. Combien aujourd’hui ?
Notre ville fantôme voit ses commerces fermer un à un. L’eau n’alimente plus que quelques fontaines – dont les plus récentes ressemblent étrangement à des monuments funéraires. Les parcs pour enfants sont à l’abandon. L’aire réservée aux camping-cars est une friche industrielle. Les places du centre historique sont devenues des parkings. Triste constat.
Pourtant ce déclin n’a rien d’inéluctable. Le dynamisme de Saint-Lary et d’Arreau à l’est, d’Argelès, de Cauterets et de Luz à l’ouest l’atteste et nous interpelle, tout comme l’évolution de Lannemezan, ville pourtant privée du moindre attrait touristique. Comme quoi des mairies dynamiques peuvent faire la différence.
Nos atouts sont là pourtant pour attirer porteurs de projets et touristes. Le bâti ancien possède du charme. La nature environnante est superbe. La ville reste un pôle scientifique (Conservatoire botanique, CPIE, observatoire astronomique). Les ressources culturelles sont multiples : des associations (Traverse, Maynats, Tiers-lieux...), de très nombreux artistes (peintres, sculpteurs, musiciens, photographes…), un cinéma d’art et essai, un centre culturel, une médiathèque, deux salles de spectacle, un théâtre à l’italienne à rénover. Quelques lieux emblématiques apportent un supplément de bien être (le parc thermal de Salut, les promenades du massif Bédat/Monné, Aquensis…). Le Pic du Midi, son observatoire et les cols environnants sont de grands atouts touristiques.
Mais il nous faut
accueillir et accompagner les porteurs de projet qui sont l’avenir de la ville.
Il nous faut mettre en valeur notre patrimoine (bâti, sentiers, future Maison
de la montagne, etc.), fidéliser curistes et touristes. Il nous faut repenser
l’avenir de notre station de ski, en anticipant sur le réchauffement en
cours.
Nous devons soutenir les associations, leur permettre de croître. Nous devons faire de notre ville un pôle culturel et scientifique, encourager les talents et énergies du territoire, monter des projets ambitieux financés par l’Etat et l’Europe. Devenu exemplaire sur le plan de la transition énergétique, de la mise en place de circuits courts, de la gestion de sa forêt, notre territoire deviendra un lieu attirant, où il fera bon vivre, travailler, se distraire. Bagnères doit rentrer sans états d’âme dans la modernité. Une modernité intelligente, raisonnée et responsable.
Seule une ville alliant passé et modernité peut regarder et envisager l’avenir dans sa complexité. Seule une mairie renouvelée, consciente de ces enjeux, visionnaire, ambitieuse et novatrice, impliquant ses habitants, encourageant ses forces vives et ses jeunes sera capable de prendre ce virage nécessaire.
Dimanche prochain : Jouvence, why
not ?